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Psychanalyse d’un sac de golf !

DIDIER BRUN·MARDI 5 JUIN 2018

Voilà Docteur, j’ai été infidèle à moi-même et j’ai besoin d’en parler !

Le golfeur, la golfeuse a souvent une relation amoureuse avec ses clubs. Il ou elle les aime et puis parce que la passion ne dure que sept ans dit-on, se met à les désaimer. Et on les quitte. Même bien avant sept ans. Parce que vieillir est un “défaut” au golf. Pour une nouvelle aventure, plus jeune, plus belle. Pleines de promesses. Et à quel prix !

Le trackman m’a fait quitter mon ancienne série. Qui avait évidemment des imperfections. Et j’en avais encore plus, ce que bien sûr dans mon arrogante façon de me ménager j’avais cru bon d’ignorer. Et aujourd’hui je me sens idiot, trompé par mon propre “désir de changement”. Par ma chimérique envie de quelque chose qui brille plus fort. Me disant que j’allais être plus heureux. Meilleur ! On se rêve toujours devenir meilleur, on se dit que l’herbe est plus verte dans le pré d’à côté.

Quel naïf, indécrottable crétin je suis ! Le parfait client pour le marketing des marques. L’inéffable gogo dans toute sa splendeur.

Chaque histoire d’amour est unique, donc différente... Il n’y a pas de règle. Avec mes clubs je n’ai que des histoires de passions. En ce moment je suis en “transit”... je me suis payé une nouvelle série de fers, une marque très réputée, des clubs magnifiques et excellents à n’en pas douter et je ne me sens pas si bien avec, alors qu’au trackman, sur le papier elle est nickel. Au practice aussi. Sur le parcours (où on ne tape jamais deux fois le même coup contrairement au practice) je ne sens rien. En direction je suis plus que très correct, mais je n’ai aucun contrôle sur mes distances. Le golf ce ne sont pas que des maths. Le golf c’est de l’émotionnel, de la confiance. Je ne vois pas de case “confiance” sur le trackman. Smashfactor, vitesse swing, vitesse de balle, carry etc c’est ok... mais où est la touche “confiance”, la compétence la plus importante au golf ???

Je vais ouvrir un petit débat qui me vaudra peut être quelques inimitiés. Il y a une petite faille dans le fitting. Vous faites cela un jour donné, à un moment donné, sur tapis de practice. La vérité du moment ne représente pas à mon sens une moyenne suffisante pour se faire une idée si précise que cela de ce qui vous convient, vraiment. Je me souviens que le jour où j’ai fait mon fitting je n’étais franchement pas dans mon assiette. Pas en rythme du tout. Une de mes mauvaises nuits. Et puis je n’avais pas encore pris ce cours qui m’a permis de retrouver un peu de swing après une si longue absence à ma passion. Le fitting d’un jour, c’est un peu comme ces jours où vous ne rentrez pas un putt. Nous savons tous qu’il y a 99% de chances que ce ne soit pas la faute du putter. Et pourtant vous pensez certainement à changer de putter. Alors que le lendemain vous auriez enquillé tous les 4 mètres les yeux fermés et embrassé le dit putter. Peut-on franchement rationnaliser la passion ?

Je suis un joueur connecté à son émotionnel. Pas un pro. Loin, très loin de l’être. J’ai besoin de ressentir. Ressentir en m’ancrant sur du vécu. Du positif, du charnel. Par exemple tous mes bois sont des Callaway. J’ai toujours joué cette marque. Elle me donne confiance. Je ne sais pas si c’est la meilleure. C’est juste MA marque de bois. Absolument rien de rationnel ! Quand je prends mon driver XR16 je me sens totalement en confiance. Il imprime en moi les bons coups. Les mauvais je les oublie, car j’ai ce libre-arbitre. Il me va ! Ne me demandez pas de savoir pourquoi. Il est beau... Il pèse exactement le poids qu’il me faut. Son shaft Speeder me va comme un gant. Il envoie la balle là où je veux, quand je ne joue pas au con. Quand je le brusque, il se venge, avec de jolis pulls hors limite ou de belles chandelles assez risibles. Quand je le laisse vivre, quand je danse avec lui en tempo il me fait briller ! J’adore son bruit à l’impact. Le trackman est une machine, je ne suis pas une machine. Je ne suis qu’imperfections. Je suis golfeur du dimanche ! Et ce pourrait très bien être un driver Wilson, Titleist, Mizuno, Ping, Taylor Made ou Cobra. Il n’y a pas de meilleures marques. Cela me semble être une gigantesque arnaque marketing que de vouloir hiérarchiser la qualité des marques. Les marques les plus réputées sont celles qui investissent le plus sur les sacs des champions. Qui jouent eux-mêmes bien entendu des clubs que personne dans le public ne joue. X est plus cher que Y car X investit 10 fois plus en sponsoring et publicité. Point barre. Donc il faut bien que les clients lambda paient cette publicité qui a aidé à les hypnotiser. Comme pour tous les produits.

Il y a juste ce qui nous convient ou pas pour des raisons le plus souvent totalement subjectives. Ou notre soumission à notre Surmoi chère à Freud. (Désolé de faire mon savant). Et si vous n’êtes pas un golfeur très expérimenté, inutile de chercher à rationnaliser. Si vous ne jouez pas au niveau auquel vous rêvez de jouer ce n’est certainement pas une question de matériel. Mais de compétences et aussi de vos propres limites. Il faut savoir être réalistes et humbles. Il y a des gens capables de jouer très bien et des gens qui en sont incapables. Ce qui n’empêche pas de prendre plaisir. Ni de progresser. On peut être un golfeur génial en jouant 20. Et un golfeur assez naze et jouer 5. Le golf est aussi (surtout) une affaire de bonheur. Il y a plein de bons joueurs qui passent leur temps à être malheureux car ils n’ont pas scoré. Votre fitteur ne va jamais vous dire “ Putain vous swinguez comme un vrai porc !!!!!”. Ben non... Il voit bien que vous avez un swing de chiotte, mais il va chercher à vous rendre le golf plus facile. Donc à “compenser” vos défauts. On y revient. Les marques s’appuient sur la piètre qualité de nos swings. Sinon, pourquoi ils se croient obligé de foutre leur sacrés trucs pour aider au draw sur les drivers ? Si ce n’est pas pour toucher votre cicatrice ultra sensible de sliceur chronique !!!!

Je me rends bien compte que cette séance de psy est un peu brouillonne. Donc à mon sens elle est juste.

Les marques jouent sur nos failles. Elles s’engouffrent avec toujours plus d’arguments dits “rationnels” dans le monde de nos doutes et de nos peurs.

Avez-vous le talent du swing constant ? Savez-vous faire du fade et du draw à volonté ? Garder la balle basse sous le vent ou au contraire très haute ? Si oui, vous avez objectivement la possibilité de savoir ce qui vous convient, de pouvoir vraiment argumenter avec votre fitteur. Sinon, vous vous en remettez à l’avis de quelqu’un qui regarde un écran avec des chiffres et des trajectoires de couleurs. Ce qui est “rationnellement” parfait. Cependant c’est quelqu’un qui ne connait pas votre amour pour tel genre d’esthétique de club. Ou peut être il ignore que jouer “telle marque” pour vous c’est juste connecté au fait que vous admirez tel champion qui la joue. Un peu comme si vous vous en remettiez à quelqu’un d’autre que vous même pour qu’il vous dise quelle femme ou homme va vous correspondre. C’est aussi bête que cela.

La chimie de nos relations amoureuses réussies est autrement plus complexe et relevant d’une forme de mystère. Ce qui en fait le sel ! Il en va de même lorsque nous amateurs choisissons nos clubs.

Okay, je sais déjà que certains vont hausser les sourcils et moquer mon propos prétextant qu’ils en connaissent un rayon sur les shafts comme ci, les têtes comme ça. Je m’en fous je ne prétends pas détenir quelque vérité. Je dis juste ce que je pense et tant mieux si je me trompe.

Lorsque je suis allé acheter ma seconde série de clubs, la première (des Tommy Armour 845S que je regrette encore) m’ayant été volée dans le coffre de ma voiture volée elle aussi, je suis allé dans ce magasin. J’avais envie de m’acheter des Ping, Eye bidule, pour ceux qui se souviennent. (Je vous parle d’une époque pre-Néanderthalienne) J’ai un peu honte mais j’aimais bien ces points de couleurs différentes derrière les têtes qui différenciaient les lies. Et puis j’avais aussi vu des gars taper ça au practice et cela semblait magique. (Oui je peux être assez con ou plutôt infantile!) Je reste donc à admirer les racks de fers Ping. Un vendeur arrive et me demande si... bref... deux secondes plus tard il me dit : “C’est ce que je joue !”. Je n’étais à l’époque même pas 36. Donc assez impressionné. J’ai bien aimé mes Pings. Puis un jour je tombe, dans un magasin proche du practice du Haras de Jardy, sur des Maruman. La claque. Je les ai trouvé beaux. Juste beaux. Voilà. Vente faite. Puis quand j’en ai eu marre de jouer avec mes beaux clubs avec lesquels je faisais sockets sur sockets, je me suis payé des X14. Le vendeur assez méprisant de ce magasin proche de la place Pereire qui n’existe plus m’avait dit : “Je joue des lames, les X14 ce sont des pelles à tarte ! Mais c’est bien pour les joueurs en désir de progression.” Pile moi quoi ! Je n’ai jamais aussi bien joué qu’avec ces clubs. Que j’ai donné à mon gendre. Parce qu’entre temps je me suis payé des MP32 Mizuno. Parce que des potes avec qui je jouais à une époque avaient acheté ça. On jouait tous à Saint Aubin dans le par ou pas loin, on se marrait bien. Il ne fallait pas que je dénote. Mais bon, les Mizuno ont été les clubs que j’ai préféré, adoré, passionnément... mais pas forcément avec lesquels j’ai performé. C’est ballot ! Ils sont si beaux. Quand on prend bien la balle il y a ce bruit si merveilleux. Et les effets sont si faciles à produire. Puis je me suis blessé méchamment, arrêt golf presque dix ans. Ou juste deux trois parties l’été en poussant la balle.

Quand je m’y suis remis l’été dernier je suis allé dans ce magasin, devant les fers Apex... Le vendeur vient et me dit en les montrant : “C’est ce que je joue !” J’ai souri. Vingt ans après le même argument. Une semaine plus tard j’y retourne et me plante devant le rack Mizuno. Parce que j’aime cette marque. Même vendeur. Je tiens une lame MP “je sais plus combien” dans la main et le gars me dit : “C’est ce que je joue !” Je le regarde et je... me retiens d’exploser de rire... Ils nous prennent vraiment pour des couillons !

Tout ça pour dire, achetez ce que vous voulez, plantez-vous, mais surtout surtout achetez les clubs que vous aimez pour des raisons totalement subjectives. Vous aimez les shafts violets ?Achetez des clubs avec des shafts violets. Ce qui compte c’est vous, uniquement vous, votre plaisir, votre confiance. Votre foi quand vous allez prendre le club dans vos mains et jouer. Le reste honnêtement, au niveau où nous jouons à franchement peu d’importance. À moins que vous souhaitiez avoir des clubs, qui comme les bagnoles montrent votre statut social. Auquel cas achetez du cher, du lourd. Du Honma, du Legacy... je ne sais pas. Et surtout prenez un Scotty Cameron à 120 000 € pour rater vos putts d’un mètre. Comme moi ! Nous sommes fous, assumons-le !

Je ne sais plus pourquoi je disais tout cela.

Parfois je ne sais même plus pourquoi j’aime tant ce jeu. Mais c’est si bon d’aimer furieusement à en perdre la raison !

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